samedi 3 août 2013

Le pouvoir empêché. Mode d’emploi !

Ludovic Nys.


Mais pourquoi donc la nouvelle majorité communale dont tous les analystes nous faisaient l'insistant éloge marche-t-elle ainsi sur la tête depuis maintenant près de six mois ? Pourquoi ce que d’aucuns nous annonçaient comme le « grand soir » se fait-il désespérément attendre ? Les Tournaisiens, que l’on se plaît à décrire comme d’invétérés râleurs, seraient-ils à ce point ingrats et impatients qu’il leur faudrait déjà jeter l’opprobre sur les nouveaux élus ? La situation financière de la ville suffirait-elle à s’expliquer l’atonie de l’action politique de cette nouvelle législature, et donc le désamour manifesté à leur encontre par le citoyen de la ville ?

Soyons de bon compte, les finances communales n’expliquent pas tout, très loin s’en faut. Certes, les caisses sont vides et les marges de manœuvre pour développer de nouveaux projets bien étroites. Mais de là à passer l'éponge ?

Vous avez dit communication ?

L’analyse que je vous propose ici m’a été inspirée récemment par un pataquès survenu en fin du mois de juin dernier. Par suite de retards consécutifs à une mauvaise organisation du chantier de restauration de la cathédrale, le calendrier de la remise en circulation de la Croix du centre s’est trouvé soudainement bouleversé. À peine ré-ouvert et inauguré en grandes pompes, voici que le piétonnier était à nouveau fermé.

L’affaire aurait pu en rester là si ce contretemps, dont l’autorité communale n'est certes pas responsable, ne s’était doublé d’une gestion catastrophique de la communication. Les commerçants dudit piétonnier ne découvrirent en effet leur rue à nouveau fermée qu’en buttant sur les barrières nadar que l’on venait d’y placer. Et oui ! Ils n’avaient même pas été avertis par l’autorité communale ! La presse, on l’imagine, ne pouvait pas laisser passer l’aubaine. Interviewée, l’échevine des travaux et de l’urbanisme, Marie-Christine Marghem, concéda « qu’il convenait à l'avenir de mieux communiquer ! ». Truisme ! On ne se serait attendu à rien moins de la part d’une candidate de l’opposition en campagne, mais de la part d’une mandataire fraîchement élue ? De deux choses l’une, ou madame Marghem n’avait pas encore intégré qu’elle n’était plus la chef de file de l’opposition, ou cette déclaration en apparence maladroite n'avait-elle en définitive d'autre but que de faire l'aveu à mots couverts de son impuissance en matière de communication dès lors que les moyens affectés par la ville à cet usage ne lui étaient pas accessibles.

Madame Marghem, tous en conviendront, est une personne d’une rare intelligence ; elle est surtout passée maîtresse dans l’art de communiquer. Comment, si ce n’était le cas, s’expliquer autrement en effet le score historique de quelque 7900 voix qu'elle fit aux dernières élections ? Partons donc du présupposé que sa déclaration à la presse était bel et bien sous-tendue par une telle intention subliminale : faire comprendre à qui voudrait l’entendre, ou à qui serait en mesure de lire entre les lignes, que les services de la communication de la Ville lui échappaient.

Allons donc ! Les services de la communication de la ville ne seraient-ils donc la chasse gardée que d’un petit quarteron ? Chaque échevin ne doit-il normalement y avoir libre accès ? La communication d’une administration communale n’est-elle pas requise normalement pour établir avec les administrés un lien efficace, ne fût-ce qu’aux fins d’assurer le suivi des informations techniques, administratives ou pratiques ?

Vous avez dit incurie ?

Une autre péripétie, qui concerne celle-ci le patrimoine, vient récemment de projeter une lumière inquiétante sur le mode de fonctionnement problématique du pouvoir communal, mais force est d'admettre qu'ici, les conséquences en ont été hélas autrement dommageables.

Une visite « impromptue » de l’inénarrable Benoît Dochy sur le site, en travaux, de l’église Sainte-Marguerite a révélé au grand jour une nouvelle incurie. Rappelons, pour qui ne serait au courant, que faute de moyens financiers nécessaires à la restauration, la ville avait fini par se résoudre en début de la nouvelle législature à entériner le principe de la cession du bâtiment et que ce dernier avait été acquis par l’entreprise templeuvoise Immatik. Le projet de l’architecte Michel Wiseur prévoyait de transformer l'ancienne abbatiale en un ensemble d’habitations de grand luxe, havre de tranquillité pour rescapés fiscaux de l’Hexagone (la gauche n’est décidément plus ce qu’elle était !). À son arrivée sur le chantier, toutefois, quelle ne fut pas la surprise dudit Benoît Dochy lorsqu’il découvrit avec horreur que les croisillons du transept et certaines des baies avaient été éventrés jusqu’au sol. Pire, l’entreprise avait arraché le pavement et avait déjà retiré sous ce dernier quelque 1,5 mètre de niveaux de sol. Tout ceci, bien sûr, sans l’obtention du moindre permis délivré par les services compétents de la Région wallonne.

À l’analyse, il s’est avéré qu’aucun cahier de prescriptions légales n’avait été délivré par l'administration communale à l’entreprise avant le début des travaux, un cahier de prescriptions qui aurait dû rappeler normalement le maître d’œuvre à ses multiples obligations en matière de sécurité et concernant les demandes de permis à introduire. Aucun suivi sur le terrain ne fut non plus assuré. Or cette tâche incombait bel et bien aux services de l’administration, à charge pour celle-ci de vérifier que sur un dossier aussi sensible l’entrepreneur ne passerait pas outre les limites définies dans le permis qui lui avait été accordé. Inutile de préciser qu’en l’absence d’un tel encadrement, Immatik n’en fit qu’à sa guise. Quand les chats sont partis, les souris dansent !

Comment donc une telle situation a-t-elle été possible ? Comment s'expliquer que l’échevine du patrimoine ait ainsi pu laisser filer la pelote ? Se pourrait-il qu’elle n'ait pris aucune mesure de la nécessité qu’il y avait à encadrer un chantier aussi sensible d’un point de vue patrimonial, à le faire suivre, à le baliser ? Ou se pourrait-il une fois encore qu’elle n’ait en réalité eu aucun contrôle sur l’administration dans ces matières qui ressortissaient à sa compétence ?

Récurrence. Le problème ne se trouverait-il pas en amont ?

Quand dans des circonstances semblables surviennent des incidents de même nature, la question qu'il y a lieu de se poser est de savoir si ces incidents ne trouvent pas en amont une seule et même explication. La coïncidence de ces deux dossiers, on le pressent, n'en est pas une : Madame Marghem aurait-elle donc atteint son seuil d’incompétence ? Aurait-elle été coupable, comme d'aucuns le laissent entendre, de légèreté ? Ou n’aurait-elle tout simplement pas les moyens de sa politique ?

On peine à imaginer, à vrai dire, qu’elle ait ainsi pu faire montre d’une aussi grande désinvolture quand on sait qu’à ses côtés se trouvent les deux conseillers communaux les plus en pointe sur les questions patrimoniales, Catherine Guisset et Louis-Donat Casterman. La raison à l'évidence est à chercher ailleurs.

Une récente conversation avec l’un des échevins de l’actuelle équipe mayorale (un échevin de la mouvance PS) m’a permis de comprendre où, en amont, résidait en réalité la faille du système. Oui, vous avez parfaitement lu, j’ai utilisé le mot « système », car c’est bien d’un système qu’il s’agit ici, savamment mis en place par le nouvel arrivant, notre bourgmestre soi-disant empêché mais qui n’est empêché de rien du tout. « Saucissonnage ou morcellement des compétences », « cadenassage des prises de décision », tels pourraient être les maîtres-mots qui suffisent à résumer le fonctionnement imaginé par ce redoutable homme de pouvoir, d’abord soucieux de sa survie politique. La recette est éculée : diviser pour régner et contrôler les prises de décision à tous les niveaux de pouvoir. Vous ne me croyez pas ? Vous voulez un exemple concret ? Prenez les musées : la responsabilité des bâtiments est confiée à l’échevine de l’urbanisme et du patrimoine, madame Marghem tandis que celle du personnel muséal incombe à l’échevin des sports et de la culture, monsieur Bouziane. Allez comprendre ! Vous voulez un autre exemple ? Voici qu’on vient de retirer à Philippe Robert, l'échevin de l’enseignement, la responsabilité du recrutement des futurs enseignants communaux. On marche sur la tête !

Diviser pour régner ! De fait, si l’on y regarde de plus près, que constate-t-on ? Qu’aucun des échevins n’a accès à la totalité de la chaîne décisionnelle touchant les compétences de son portefeuille, en sorte qu’à tout moment, il est loisible à « celui qui tire les ficelles de ce système » de bloquer les initiatives des collaborateurs de notre bourgmestre très empêché. Il lui suffit, à lui ou à son cercle rapproché, de faire passer les demandes de tel ou tel sous la pile des documents déjà en souffrance. Enterrement de première classe ! Vieux comme le monde, mais ô combien efficace ! Tout qui se targuerait de briller un peu de trop, quand bien même ses initiatives seraient géniales, est irrémédiablement condamné au placard administratif !

Pour qu’un tel système soit efficace, encore faut-il bien évidemment que l’équipe supposée maîtriser le jeu soit rôdée. Or cette équipe l’est au-delà de toutes les attentes ; elle repose sur un pivot central en la personne du directeur du cabinet du bourgmestre, j’entends ici bien sûr du bourgmestre empêché !, le sieur Philippe Meuris. Fidèle d’entre les fidèles, d’autant plus fidèle qu’il doit tout à l’homme providentiel qui l’a mis en place, lui qui pourtant aux élections communales de 2000 n’avait pas atteint le plancher de la centaine de voix est le véritable homme-orchestre de cette très drôle de ruche. Tout passe par lui, tout est contrôlé par lui, jusque et y compris les courriers adressés aux différents échevins qui sont systématiquement ouverts et, s’il le juge utile, envoyés à la reprographie. Beria, Souslov, Andropov, où êtes-vous donc ? Et voici qu’à ses côtés, formant comme une sorte de garde rapprochée, se trouvent, outre l’autre fidèle d'entre les fidèles, l’échevine Laetitia Liénard, quatre conseillers au garde-à-vous de rigueur : Loïc Delhuvenne (subsides européens), Paul-Valéry Senelle (subsides extérieurs) et surtout les deux responsables de la cellule communication, des proches ici encore de Rudy Demotte, Alexandra Caufriez et Patricia Opsomer. Cinq personnes donc qui détiennent le véritable pouvoir au sommet de la pyramide administrative, bien au-dessus des têtes des échevins eux-mêmes, et ceci sans la moindre légitimité électorale !

Décortiquons le système, analysons les rouages de cette merveilleuse horloge, huilée et rôdée à souhait ! Tout projet d’acte émanant des services de l’administration communale doit être visé par le chef du service concerné avant d’être envoyé à la frappe, de suivre la voie hiérarchique et de recevoir (1) le visa de l’échevin ou des échevins concernés ; (2) le visa financier du receveur Eddy Moulin ; (3) le visa de l’échevine des finances, Laetitia Liénard ; (4) le visa du secrétaire communal, Didier Coupez ; (5) celui enfin, au sommet de la chaîne, du directeur du cabinet du bourgmestre très empêché, Philippe Meuris (pour ceux qui l’auraient oublié, je tiens ici à rappeler que le bourgmestre faisant fonction n'en est pas un, puisqu'il n'est paraît-il tout au plus qu'un simple échevin délégué à la fonction mayorale !). Ce n’est qu’ensuite, après avoir reçu le seing de ces cinq ou six personnes, et à cette condition exclusive seulement, que le projet d’acte pourra être soumis ou non pour ratification au Collège communal. Il va sans dire qu’en l’absence du moindre visa, le document n'aura aucune chance d'atterrir sur la table dudit Collège et se trouvera irrémédiablement condamné au classement vertical. On se souviendra à toutes fins utiles que sous l’ère Massy, les documents administratifs et les demandes émanant des différents secrétariats scabinaux n’étaient visés uniquement que par l’échevin concerné et par le bourgmestre avant d’être ratifiés au collège, le délai moyen pour ce faire étant d’ordinaire limité à une semaine grand maximum. Nous en sommes aujourd’hui à trois semaines minimum ! Et pour cause !

On l’aura compris, l’enjeu est bien de contrôler le moindre étage de l’appareil administratif et politique susceptible de voir prises des décisions ou des initiatives. Il n’y a, il ne peut y avoir d’autre décision importante, d’autre initiative publique que celles prises par sa grandeur empêchée, notre vénérable Ministre-Président et très accessoirement Bourgmestre de Tournai.

Et la démocratie, bordel !

Toute administration digne de ce nom, tout niveau de pouvoir dans un état moderne respectueux des principes les plus élémentaires de la démocratie, sont fondés sur deux principes indissociables : responsabilité et efficacité. Il ne peut y avoir d’exercice de plein pouvoir qui soit démocratique sans une prise de responsabilité identifiable par tous, dans la transparence, à commencer par le citoyen envers qui le mandataire élu reste, qu’il le veuille ou non, comptable de son action politique. Encore faudrait-il pour cela bien sûr que ledit mandataire supposé exercer des responsabilités dans le champ des compétences qui sont les siennes puisse contrôler l’ensemble de la chaîne décisionnelle relevant de sa responsabilité. L’efficacité, en une certaine mesure, n’est qu’une conséquence logique d’une telle gestion responsable. Il n’y a pas de gestion efficace sans une prise de responsabilité publique.

Or à quoi assiste-t-on depuis décembre 2012 à Tournai ? Très exactement au contraire de ce qui vient d’être ici énoncé. Les choses à vrai dire avaient bien mal commencé voici près de trois ans déjà quand, bien avant les élections, fut nommé au sein du cabinet du bourgmestre d'alors un certain Philippe Meuris. Étonnant, vous ne trouvez pas ? Un collaborateur rapproché du bourgmestre qui lui est imposé par un tiers, et qui s'avère à l'analyse être en désaccord complet avec lui ! L’affaire Singa aura assurément été pour le Ministre-Président une aubaine inespérée. Tel le cheval de Troie d’Ulysse et ses compagnons, le sieur Meuris eut donc pour mission de cadenasser de l’intérieur l’appareil politique avant le scrutin. Il n’y a pas à dire, monsieur Demotte a une conception très personnelle de la démocratie. C’est que, cynique, il est aussi et surtout un redoutable joueur d’échecs qui voit au moins trois à quatre coups à l’avance. D’ailleurs, ne nous en a-t-il livré une autre preuve en faisant réviser avant les élections les statuts de l’U.S.C. (Unions Socialiste Communale), prévoyant que les critères de désignation des échevins ne se limiteraient plus aux seuls scores électoraux mais auraient désormais à prendre en compte la parité hommes/femmes et une représentation plus équilibrée des différentes sections du parti. Bien peu furent ceux au PS alors qui ne comprirent pas le but de la manœuvre. Le dispositif à l'évidence était taillé sur mesure pour la protégée du bourgmestre, la jeune et très ambitieuse Laetitia Liénard, nommée échevine avec un total de 647 voix de préférence tandis que les Jean-Michel Vandecauteur (1023 voix), Jean-Claude Carpentier (943 voix), Geoffroy Huez (847 voix) et Didier Smette (747 voix) étaient quant à eux gentiment priés de dégager la scène des opérations. Gloups ! Est-ce donc cela la démocratie au sein du PS tournaisien?

Fusibles ? Fantoches ? Paravents démocratiques ?

Responsabilité assumée ne signifie pas pour autant responsabilité identifiée. A contrario, responsabilité visible et identifiable par l’électeur ne rime non plus d’office avec responsabilité effective. On le voit, il s’agit bel et bien potentiellement d’un jeu de dupes, a fortiori quand les moyens de la communication mis en place par l'administration communale sont hors d’atteinte des échevins supposés devoir communiquer sur les matières qui sont les leurs, des moyens de la communication, est-il par ailleurs besoin de souligner, qui se trouvent sous le contrôle strict et absolu du sieur Meuris, l’homme-lige de notre bourgmestre si peu empêché, par responsables de la cellule « communication » interposées, les gentes demoiselles Caufriez et Opsomer. La forteresse assurément est bien gardée, inexpugnable même aux dires de certains proches de notre nouveau bourgmestre !

Tout est donc en place pour que se referme la nasse dans laquelle, pour un prix bien dérisoire, ont été invités à rentrer madame Marghem et monsieur Armand Boite. Dans l’impossibilité de maîtriser, sur le terrain de leurs matières respectives, la chaîne décisionnelle complète afférant à leurs compétences, il ne leur restera donc plus qu’à assumer publiquement les conséquences de cette incapacité de fait quand, faute d’une communication adéquate ou plus exactement par suite d'une communication cadenassée au plus haut niveau de l'administration, ils auront à rendre des comptes aux citoyens et à répondre de ce qui, à tort ou à raison, sera perçu par leurs électeurs comme une incurie indigne de l’espoir qui avait été mis en eux. Car le citoyen lambda, qui s'en étonnera ?, sera bien en peine quant à lui de démêler le vrai du faux et d’identifier les raisons véritables de ces dysfonctionnements, ignorant qu'il sera de la réalité d’une telle gestion d’un autre âge n’ayant pour seul but, à six ans de distance, que d’assurer d’ores et déjà la réélection du sieur Demotte en 2018. On n’est jamais trop prévoyant !

Tout ceci, ne nous voilons pas la face, n’est qu’un sale petit jeu politicien, d’une singulière et bien détestable médiocrité, un jeu qui entraîne une inefficacité généralisée à tous les échelons du pouvoir communal et, plus grave, de l’administration elle-même. L’exemple après tout ne vient-il pas du haut ? D’ailleurs, comment pourrait-il en être autrement ? Que l’on se mettre un traître instant dans la peau des employés communaux soumis au quotidien de cette gestion calamiteuse, sous l’œil suspicieux et omniprésent d’un majordome en chef à l'ego surdimensionné et de la grande « vérificatrice aux comptes », rivale déclarée au titre de la "blonditude" de la bienaimée des Tournaisiens, Ludivine Dedonder. Retoqués, classés verticalement, les nombreuses recommandations des échevins et actes de portée politique soumis au seing scabinal mais visés en amont par l’éminence grise au service de l’empêché sont inexorablement condamnés à ne même pas passer la porte du collège. Comment dans de telles conditions, ceux qui, pour ces chambellans méprisants, ne seront toujours que menu fretin ne seraient-ils tentés de cultiver l’absurde d’un travail par avance voué à l’échec, tel le malheureux Sisyphe qui, inlassablement, roulait et roulait encore son énorme pierre au sommet d'une colline.

Le résultat, à peine six mois après la prise de fonction du nouveau pouvoir communal, ne s’est pas fait attendre. Le prix à payer pour une telle gestion fondée sur le contrôle systématique et la suspicion, mise en coupe réglée par un ex-candidat aux 100 voix et une catapultée à 647 voix, ne pouvait qu'aboutir à une désaffection généralisée au sein de l’administration, un ralentissement hallucinant des rythmes administratifs, une peur omniprésente et, the last but not the least, la bave rampante de l’obséquiosité courtisane. Il n’y a pas à en douter : la révolution est culturelle et profonde !

« Le bos en l’absence de Rudy, c’est moi ! », lançait voici peu Philippe Meuris, écumant de rage dans le couloir du cloître de l’Hôtel de Ville à l’adresse d’Eddy Sory, le président du Logis tournaisien. « Mais oui mon cher Allan, le bos, en l’absence de Rastapopoulos, c’est bel et bien toi !  »

Allez, viens Milou, on dégage. Il n’y a plus rien à voir ici !

jeudi 16 mai 2013

LE DOSSIER DE L'ESCAUT À TOURNAI : Une véritable vision d'avenir ou un ponzi, un de plus ?


On touche ici l'un des problèmes de fond en même temps que le fond du
problème. L'appréhension des modèles de développement économique
doit-elle relever d'une forme de spéculation sur l'avenir ou d'une prise
en compte globale, et pragmatique, des questions qui engagent notre
devenir ? Comment définir au mieux les lignes directrices qui doivent
régir nos choix politiques ? Plus fondamentalement encore : à partir de
quand la ligne rouge d'options susceptibles de s'avérer spéculatrices
est-elle franchie ?

Qu'y a-t-il de spéculatif, et donc aussi de spéculateur, dans le dossier
de l'Escaut ? Une première réponse s'impose : le calendrier. Le risque
est grand que les investissements calés sur la norme européenne Va
(péniches de 11,4 m de largeur), voire Vb, soient consentis longtemps
avant que ce qui justifierait un tel choix ne trouve un début de
réalisation. Ce point n'est pas de détail, que du contraire !

Mais sur le fond, il y a plus préoccupant encore. La philosophie qui
justifierait d'engager de tels travaux est, à bien y regarder, de
l'ordre du durable. Le transport fluvial, outre qu'il désengorgera les
axes routiers, porte bien en lui en effet la promesse d'une prise en
charge sur la durée des transports de matériaux et est donc porteur
d'une perspective de stabilité de nos rapports socioéconomiques.
"Développement durable" disiez-vous ? Ceci est fort bien assurément,
sauf qu'un tel modèle de développement se doit, pour tenir ses
promesses, d'être en cohérence avec les valeurs qu'il véhicule.

En clair, est-il cohérent de s'engager sur un tel investissement au prix
de sacrifices qui seraient consentis aux dépens de toute une communauté
urbaine ? Faudra-t-il rappeler ici que la valeur du développement
durable précisément tient au premier chef à l'exigence d'un
développement harmonieux de nos communautés humaines ? Comment dès lors
imaginer raisonnablement mettre en œuvre l'une aux dépens de l'autre ?

L'appréhension de ce dossier de l'Escaut à Tournai doit être globale, et
il ne s'agit pas ici, faut-il le rappeler, du seul problème du Pont des
Trous. La traversée de Tournai par les gros tonnages est, bien plus
encore, le véritable nœud du problème. Comment donc allier ces deux
irréconciliables ?

Cette question est politique au sens noble ! Elle est globale, et
devrait à tout le moins nourrir la réflexion ... un réflexion qui n'a
que faire, disons le tout de go, d'une avance sur calendrier que
chercherait à nous imposer notre bourgmestre empêché !

Ludovic Nys.

samedi 11 mai 2013

Article de l'éminent entomologiste tchèque Syn Civodulowski.


 Le "faux-bourdon qui se prenait pour une reine" ou « Du syndrome
      de celui qui voulait triompher sans péril et donc aussi sans gloire ».



      Le Maître des Collines est une abeille au sexe ambigu.


      Rappelons qu’existent chez ces hyménoptères trois types
      d’individus : les reines, les ouvrières et les faux-bourdons.
      Seuls les faux-bourdons sont de sexe mâle ; les reines et les
      ouvrières sont quant à elles de sexe femelle. Ce sont ces
      dernières qui forment le noyau de la ruche, chaque ruche étant par
      ailleurs identifiable à la présence d’une reine unique. Une fois
      fécondée par les faux-bourdons, la reine assure la reproduction de
      l’espèce. Quant aux ouvrières, elles sont à son service de même
      qu'à celui de l’ensemble de la ruche. Ce sont elles qui produisent
      la gelée royale, cette substance nutritive exclusivement réservée
      à la sustentation de la reine, de même que le miel destiné à
      l’alimentation des jeunes larves.


      L’entourage de Demotte est une ruche. Toutes les abeilles,
      ouvrières ou faux-bourdons, s’affairent autour de lui, les
      premières secrétant la savoureuse gelée royale nécessaire à son
      développement, les seconds vibrionnant à ses côtés dans l’espoir
      de pouvoir le féconder de leurs idées polliniques et insignifiantes.


      Le problème, c’est que Demotte n’est pas une reine, mais un
      faux-bourdon qui s’ignore, … qui s’ignore d’autant mieux que sont
      atrophiés ses attributs d’abeille mâle. Il n’est donc tout au plus
      que ce que l’on pourrait appeler un faux faux-bourdon. Toutes les
      abeilles autour de lui néanmoins, aveuglées par son apparence
      trompeuse, le prennent pour une reine.


      À vrai dire, la seule reine de cette ruche en délire n’est autre
      que la Divine mais elle non plus n’a pas pris conscience de sa
      véritable identité, car elle n’a pas encore goûté au délice de la
      gelée royale. Elle ne se prend pour l’heure au mieux que pour une
      bien mignonne petite ouvrière, roborative et mielleuse à souhait
      (… il est vrai que dans le développement des abeilles, de l’état
      larvaire ou de nymphe à celui d’insecte abouti, la différenciation
      entre la reine et l’ouvrière ne survient qu’assez tard !).


      La monstruosité relève donc bel et bien ici de ce qu’il est
      convenu d’identifier à une imposture : un faux-bourdon à
      l’identité douteuse se prenant pour une reine, se gorgeant de la
      gelée royale normalement réservée à la reine de la ruche. Pour
      sûr, le drame éclatera quand, après s’être ainsi repu à l’insu de
      tous de la précieuse gelée et après avoir subi les assauts des
      faux-bourdons tous dards derrière, sa pseudo-fécondité se verra
      confondue, quand donc à l’issue des vingt-jours de gestation ne
      sortiront des alvéoles que pucerons ou punaises, elles-mêmes
      nourries du miel dont on les aura généreusement gavés.


      Alors le plus mâle des faux-bourdons, le seul qui depuis le début
      avait reniflé le pot au miel, découvrira-t-il enfin l’identité de
      la seule et véritable reine, de sa chère Divine, et la
      fécondera-t-il hardiment, reléguant l’ensemble de la ruche,
      ouvrières et faux-bourdons confondus, au rôle de spectateurs ébahis.


      Mais peut-être sera-t-il alors trop tard ! Car déjà la f(r)elonne,
      la plus terrible des prédatrices de l’abeille, est là, qui tente
      de s’introduire dans la ruche pour y dévorer l’ensemble de la
      colonie, se régalant au passage du peu qui sera resté de la
      délicieuse gelée royale.


      Quant au faux faux-bourdon, tout confus, sans doute se
      cherchera-t-il une autre ruche, ailleurs en Wallonie picarde !

Etrennons ce Blog avec un merveilleux photo-montage...

En amorce de ce Blog qui se veut impertinent et critique, nous publions ce photo-montage de Ludovic Nys qui circula aux premières heures de la campagne des Communales de 2012.




































Yves Duplouis.
Alias Grizzly.